WORLD PREMIERE: HEARTBEATS FOR ORCHESTRA WITH ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL AND KENT NAGANO - MONTRÉAL 10/02/2019



February 10th 2019 : Escapade in Montréal for New Heartbeats !! 
With the marvelous Orchestre Symphonique de Montréal conducted by Maestro Kent Nagano - Maison Symphonique, Montréal, Québec
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Program note in French of the composer : 
"... Et j'écris Heartbeats (Battements de cœur) pour orchestre sous l'impulsion de mes tous récents grands battements de cœur : Dancefloor With Pulsing pour thérémine et orchestre (transe martienne hypnotique) et mon hommage orchestral à Ennio Morricone : Un Omaggio affettuoso ed excentrico al Maestro Morricone. Heartbeats est une œuvre-pulsation, charnelle; elle est basée sur une simple A.D.N. de sept accords. Écrite et dédiée au Maestro Kent Nagano et à l'Orchestre Symphonique de Montréal, cette passacaille (mais une passacaille rapide et claire) illustre ma quête romantique de la Joie, en blanc majeur. La pulsation cardiaque n'est pas une affaire sentimentale... Et du simple mouvement de notre corps, l'émotion surgit enfin..."
Régis Campo, novembre 2018, Bruxelles




Q. Vous aviez le choix parmi plusieurs court-métrages de l'ONF et vous avez choisi Nails, un film de 1973 réalisé par Phillip Borsos. Pourquoi?

R. On sent une réelle énergie dans ce documentaire retraçant la vie d'une usine qui fabrique des clous. C'est comme un battement de cœur, comme la vie interne d'un corps humain et cela semblait bien coller avec ma musique, qui est très souvent basée sur la pulsation, sur une énergie rythmique et émotionnelle.

Q. Avec ce projet de mise en musique de l’image, l’OSM désirait réunir deux arts qui se rencontrent certes fréquemment, mais rarement d’une façon qui consiste à réécrire la musique d’un film vieux de plusieurs décennies. Comment s’est déroulé pour vous le processus d’écriture?

J’ai beaucoup regardé les images et j’ai essayé de m’imprégner de la vie et du tempo de cette usine. Lorsque je visionnais le court-métrage, je coupais le son pour essayer d’imaginer ma propre musique. Ensuite, je me suis mis à composer sans regarder le documentaire, en me souvenant de cette énergie brute. Déjà en 1927, Les fonderies d’acier pour orchestre d’Alexandre Mossolov exprimait les mouvements mécaniques des machines dans les usines soviétiques. Mais je voulais rajouter dans mon œuvre Heartbeats un esprit libre, ludique et même joyeux, qui représente pour moi l’époque du film, celle des années 70. Par moments, j’ai utilisé des orchestrations un peu étranges, des instruments de percussion qui peuvent faire penser aux bruits que font ces machines avec leurs mouvements répétitifs, des sortes de patterns qui tournent. Au début de la partition, j’ai ajouté l’indication : « avec exubérance ». Il y a une forme de folie jubilatoire, que l’on ressent fortement lorsqu’on voit ces images avec cette fabrication de clous qui ne s’arrête jamais!Pour chaque projet avec le maestro Kent Nagano, on a toujours envie de faire ensemble quelque chose d’original et de fou, ainsi que de proposer au public montréalais quelque chose de vraiment atypique.

Q. Un projet comme celui-ci n’étant pas commun, quel genre de défis peut-on y rencontrer ?

R. Le plus difficile, c’est d’une part que la musique colle aux images et d’autre part, qu’elle demeure à la fois très simple, mais aussi sophistiquée. Il faut que la musique suive un processus naturel et qu’elle laisse de l'espace afin que les images puissent respirer en même temps.Le fait d’être un passionné de musiques de film m’a montré que souvent la musique qui sert l’image, doit partir de motifs très simples. C’est le cas ici avec Heartbeats puisque finalement, j'ai bâti cette partition sur uniquement sept accords qui s’enchaînent obsessionnellement. Comme la passacaille de la Quatrième symphonie de Brahms, où toute la science du compositeur consiste à varier la musique à travers un matériel thématique finalement très réduit. J’aime beaucoup le motif que j’ai utilisé dans toute ma pièce, qui est basée sur la tierce majeure.

Q. Vous évoquez la Quatrième symphonie de Brahms, est-ce par hasard ? Car celle-ci sera interprétée lors du même concert que votre œuvre.

R. C’est drôle parce que je me suis aperçu après coup que le dernier mouvement de cette symphonie de Brahms, qui est mon mouvement préféré, rejoint un peu l'esprit de ma pièce. Heartbeats suit une dramaturgie qui va de crescendos en crescendos vers un grand tutti orchestral.

Q. Quelle avenue préconiserez-vous pour le synchronisme entre l’orchestre et le film? Quels seront les outils donnés au chef d’orchestre et celui-ci aura-t-il une certaine liberté ?

R. J'ai donné une grande liberté de synchronisation. La musique commence au tout début des images, mais par moments, il y a des points d’orgue qui permettent à l’orchestre de respirer. Il n’y a donc pas une synchronisation absolue qui serait trop contraignante. Je pense à la musique de film Alexandre Nevski, de Prokofiev : c’est une musique qui peut très bien s’écouter sans les images. Au cinéma j'aime aussi que la musique « coule » longuement à travers les images et les différentes scènes. Notamment dans les merveilleux films de Terrence Malick qui utilise très adroitement la musique classique et la musique contemporaine, comme l'a d'ailleurs fait Stanley Kubrick.

Q. En terminant, qu’aimeriez-vous ajouter ?

R. Une chose importante, c’est que j’ai dédié l’œuvre au maestro Kent Nagano, mais aussi aux musiciens de l’orchestre que j’admire énormément. À travers cet exercice de style, je voulais rendre hommage à beaucoup de pupitres de l’orchestre. C'est un orchestre formidable et impliqué dans les créations de nouvelles œuvres de compositeurs d’aujourd’hui. L'orchestre suit le battement de cœur de notre époque et de nos vies !

(propos recueillis par Gabriel Paquin-Buki, pour l'Orchestre Symphonique de Montréal pour le programme du concert)

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