INTERVIEW: QUESTIONS À RÉGIS CAMPO, LAURÉAT 2020 DU GRAND PRIX LYCÉEN DES COMPOSITEURS LA LETTRE DU MUSICIEN MAY 2020 #535
QUESTIONS À RÉGIS CAMPO, LAURÉAT 2020 DU GRAND PRIX LYCÉEN DES COMPOSITEURS
LA LETTRE DU MUSICIEN MAY 2020 #535
Que vous ont apporté ces rencontres avec les lycéens?
Quand elles se sont arrêtées avec le confinement, cela m’a attristé: j’aurais bien continué toute l’année! Parce que, à chaque fois, le contact était précieux. Les lycéens posaient souvent des questions affectives, émotionnelles, on en venait vite à parler de nos enfances, de nos parents, de nos amis. Comme un ressenti direct par rapport à ma musique. On ne peut pas ruser avec eux, ils sont très malins. Ils connaissent tous les codes de la communication, et pour leur parler directement, il faut être sans filtre. Je me suis sans doute un peu identifié à eux, comme si j’étais revenu en arrière : à l’époque, j’aurais aimé que des compositeurs viennent à moi dans mon lycée. Les choses ont vraiment changé, on ne communiquait pas autant. Étonnamment, tout était beaucoup plus virtuel !
Qu’avez-vous à dire des rapports entre ce public jeune et la musique contemporaine?
Leurs oreilles traînent partout... Sans le savoir forcément, ils en écoutent, dans des films, des séries. Ils sont habitués à entendre des musiques atonales, dissonantes, bruitées. Et ils vont au contraire trouver la musique néoclassique trop vintage ! Je prends au sérieux leurs réactions. Les jeunes sont très à l’aise dans leur époque, ils nous apprennent beaucoup sur ce plan : vivre au présent, utiliser les outils de maintenant plutôt que d’avoir la nostalgie d’une fin de siècle. Avec eux, nous sommes vraiment entrés au XXIe siècle. Ils passent plus facilement d’un univers à un autre, c’est un encouragement, non pas à faire du cross-over, mais à s’approprier différentes cultures, même opposées.
Avez-vous déjà pensé à votre commande, comme lauréat, qui sera créée la saison prochaine?
C’est encore très flou, mais je pense qu’elle sera « connectée » avec mes rencontres. Ce sera sûrement un clin d’œil à nos vieilles cassettes audio, aux médias modernes, à l’habileté et la légèreté des lycéens d’aujourd’hui... Ils ont le monde entier dans leur poche, mais ils ont besoin, en plus, de vraies rencontres, de grands frères. Nous sommes là, avec leurs professeurs, pour les guider.
À quoi pensez-vous pendant cette période?
Après cette crise du coronavirus, j’aimerais que l’on se retrouve tous, plus qu’avant. Pour composer de beaux futurs possibles !
Propos recueillis par Didier Lamare
LA LETTRE DU MUSICIEN MAY 2020 #535
Que vous ont apporté ces rencontres avec les lycéens?
Quand elles se sont arrêtées avec le confinement, cela m’a attristé: j’aurais bien continué toute l’année! Parce que, à chaque fois, le contact était précieux. Les lycéens posaient souvent des questions affectives, émotionnelles, on en venait vite à parler de nos enfances, de nos parents, de nos amis. Comme un ressenti direct par rapport à ma musique. On ne peut pas ruser avec eux, ils sont très malins. Ils connaissent tous les codes de la communication, et pour leur parler directement, il faut être sans filtre. Je me suis sans doute un peu identifié à eux, comme si j’étais revenu en arrière : à l’époque, j’aurais aimé que des compositeurs viennent à moi dans mon lycée. Les choses ont vraiment changé, on ne communiquait pas autant. Étonnamment, tout était beaucoup plus virtuel !
Qu’avez-vous à dire des rapports entre ce public jeune et la musique contemporaine?
Leurs oreilles traînent partout... Sans le savoir forcément, ils en écoutent, dans des films, des séries. Ils sont habitués à entendre des musiques atonales, dissonantes, bruitées. Et ils vont au contraire trouver la musique néoclassique trop vintage ! Je prends au sérieux leurs réactions. Les jeunes sont très à l’aise dans leur époque, ils nous apprennent beaucoup sur ce plan : vivre au présent, utiliser les outils de maintenant plutôt que d’avoir la nostalgie d’une fin de siècle. Avec eux, nous sommes vraiment entrés au XXIe siècle. Ils passent plus facilement d’un univers à un autre, c’est un encouragement, non pas à faire du cross-over, mais à s’approprier différentes cultures, même opposées.
Avez-vous déjà pensé à votre commande, comme lauréat, qui sera créée la saison prochaine?
C’est encore très flou, mais je pense qu’elle sera « connectée » avec mes rencontres. Ce sera sûrement un clin d’œil à nos vieilles cassettes audio, aux médias modernes, à l’habileté et la légèreté des lycéens d’aujourd’hui... Ils ont le monde entier dans leur poche, mais ils ont besoin, en plus, de vraies rencontres, de grands frères. Nous sommes là, avec leurs professeurs, pour les guider.
À quoi pensez-vous pendant cette période?
Après cette crise du coronavirus, j’aimerais que l’on se retrouve tous, plus qu’avant. Pour composer de beaux futurs possibles !
Propos recueillis par Didier Lamare
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