✨📖 "UN ACCUEIL TRIOMPHAL, DIGNE D’UN CONCERT DE ROCK" LA PROVENCE 05/04/2025

Le compositeur RĂ©gis Campo enfin fĂȘtĂ© dans sa ville

Son opĂ©ra "La Petite sirĂšne" se joue Ă  guichets fermĂ©s, aujourd'hui Ă  L’OdĂ©on.
Portrait d’un artiste aurĂ©olĂ© d'une Victoire de la Musique en mars.

Il y a quelques annĂ©es, le journal LibĂ©ration titrait Ă  son sujet : "Le bad boy de la musique contemporaine". "C’est Ă  cause de mon
travers marseillais, mon cÎté indépendant et décalé,
 sourit RĂ©gis Campo. J’ai toujours dĂ©testĂ© le cĂŽtĂ© sentencieux qu’a parfois la musique contemporaine. Mon
credo : faire une musique populaire avec de l’humour et de la joie.
" Il suffit pour s’en persuader d’Ă©couter par exemple son Pagamania !, un titre inspirĂ© de la musique de Paganini qu’il a Ă©crit pour l’accordĂ©oniste ThĂ©o Ould, avec beaucoup d’humour: "Dans la bande-son qui accompagne le soliste, on entend Marseille : le doudouk, l'oud, une rĂ©miniscence des Jackson Five, une sorte de bouillabaisse inclusive : toutes les musiques font la fĂȘte !"
Ses sources d’inspiration sont hĂ©tĂ©roclites : il cite aussi bien Mozart, Ravel, Stravinsky que des compositeurs de musique de films : Ennio Morricone qu’il a rencontrĂ© Ă  Rome - "Dieu avec des grosses lunettes" - mais aussi Vladimir Cosma et Gabriel Yared, compositeur du film Le Patient anglais, deux de ses amis.

"Un boléro
pour les Martiens"
Le 5 mars dernier, RĂ©gis Campo a reçu des mains d’Élie Semoun la Victoire de la musique classique du meilleur compositeur pour sa piĂšce Dancefloor With Pulsing. Un tempo vif parcourt cette piĂšce qu’il a Ă©crite pour thĂ©rĂ©mine, un drĂŽle d’instrument composĂ© d’un boĂźtier et d’une antenne qui vibre, et orchestre. "On me dit que j’ai Ă©crit un bolĂ©ro pour Martiens !" s’exclame-t-il. Vivant entre Paris et Marseille, le musicien nous a donnĂ© rendez-vous au Conservatoire rĂ©gional Pierre-Barbizet, oĂč il enseigne une classe de composition. C’est ici qu’il a suivi sa formation auprĂšs du compositeur Georges BƓuf, Ă  l’Ăąge d’or du Conservatoire phocĂ©en. Les yeux malicieux, il est heureux et Ă©mu : la veille, les classes de CM2 invitĂ©es Ă  une reprĂ©sentation scolaire de son opĂ©ra La Petite sirĂšne lui ont rĂ©servĂ© un accueil triomphal, digne d’un concert de rock. "Je voulais un opĂ©ra qu’on puisse Ă©couter sans surtitre, et cela marche ! Les enfants sont scotchĂ©s par l’histoire d’Andersen, poursuit-il. Ils applaudissent Ă  tout rompre les interprĂštes qui chantent sans micro, c’est une vraie performance pour eux. Plus surprenant, cette gĂ©nĂ©ration biberonnĂ©e aux Ă©crans adore la machinerie théùtrale et les effets de magie. Dans le conte, la petite sirĂšne donne sa voix Ă  la sorciĂšre en Ă©change de jambes pour rejoindre le prince dont elle est tombĂ©e amoureuse. La metteuse en scĂšne a imaginĂ© une grande langue Ă©lastique sur scĂšne, la scĂšne remporte beaucoup de succĂšs, les enfants adorent avoir peur !"

L'Odéon,"mythique"
Commande de la RĂ©gion et du regroupement de quatre opĂ©ras, Nice, Toulon, Avignon et Marseille, sa Petite sirĂšne effectue une belle tournĂ©e en version orchestrale ou dans une version plus lĂ©gĂšre. La date marseillaise avec l’Orchestre philharmonique de l’OpĂ©ra de Marseille est particuliĂšrement chĂšre Ă  son cƓur, d’autant que la piĂšce est jouĂ©e en haut de La CanebiĂšre, Ă  L’OdĂ©on. "C’est ici que j’ai vu le dessin animĂ© Blanche-Neige de Walt Disney en 1973 j’avais eu peur de la sorciĂšre, je me souviens encore ! s’exclame-t-il. Je m’en suis souvenu car j’ai justement une sorciĂšre dans mon conte d’Andersen. Et avant d’ĂȘtre un cinĂ©ma, l’OdĂ©on Ă©tait un théùtre mythique oĂč sont passĂ©s Maurice Chevalier, Mistinguett, Fernandel, JosĂ©phine Baker !" Nul n’est prophĂšte en son pays dit le proverbe : RĂ©gis Campo a surtout construit sa carriĂšre Ă  Paris. Ce Marseillais de naissance et de cƓur est d’autant plus touchĂ© d’aller enfin Ă  la rencontre du public de sa ville avec son opĂ©ra fĂ©erique.

Marie-Ève BARBIER
mebarbier@laprovence.com


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