"CAR ENFIN, DE L'AIR !", "DIX COMPOSITEURS ENTRE PASSÉ ET FUTUR", MUSICA FALSA N°10 AUTOMNE 1999

Dix compositeurs entre passé et futur
La revue Musica Falsa avait demandé à dix compositeurs - dans son numéro n°10 d'automne 1999 - de choisir les dix événements musicaux qu'ils estimaient être les plus importants du siècle qui s'achevait puis de donner leur définition du présent. 

"Régis Campo (1968)
[1] Igor Stravinsky : Le Sacre du printemps [2] Claude Debussy : Jeux [3] Serge Prokofiev : les cinq Concertos pour piano [4] Jean Sibelius : Tapiola [5] Olivier Messiaen : Turangalîla-Symphonie [6] György Ligeti : Lontano, Concerto pour piano, Concerto pour violon, les Études pour piano [7] Les Beatles : leur répertoire complet [8] Henri Dutilleux : Quatuor à cordes "Ainsi la nuit" [9] Pierre Boulez: ...Explosante-fixe... [10] Witold Lutoslawski : Symphonie n°3  
"Car enfin, de l'air !" 
Je ne vois le présent musical qu'à travers le futur musical... Nulle envie d'analyser ou faire un état des lieux de notre présent qui me semble un passage, un no man's land, une attente. Une sorte de "peut mieux faire, prometteur..." Car c'est le credo de ma génération, une génération de transition qui envisagerait une nouvelle optique éloignée de toutes les batailles esthétiques de notre vingtième siècle - batailles qui elle-mêmes découlaient du dix-neuvième siècle.
"Car enfin, de l'air !"
Je ne vois le présent musical qu'à travers le futur musical... Nulle envie d'analyser ou faire un état des lieux de notre présent qui me semble un passage, un no man's land, une attente. Une sorte de "peut mieux faire, prometteur..." Car c'est le credo de ma génération, une génération de transition qui envisagerait une nouvelle optique éloignée de toutes les batailles esthétiques de notre vingtième siècle - batailles qui elle-mêmes découlaient du dix-neuvième siècle.
Cette fin de siècle est bien triste et grisâtre quoique que l'on on dise et l'on voudrait se transporter dans vingt ans pour oublier et sortir en quelque sorte d'un long tunnel. Les vieilles querelles de ce siècle nous rendent bien las. Vite ! Découvrir de nouvelles et fraîches correspondances. respirer ! Regarder autour de soi, écouter ses contemporains...
C'est que le temps n'est plus aux ruptures, aux nouvelles alliances forcées, à la contestation des petites individualités mais simplement à la floraison naturelle de toutes sortes de nouvelles pousses. Mais il y a fort à parier que notre fin de siècle va aborder sur notre prochain prochain siècle avec toutes nos angoisses accumulées...
C'est fâcheux, alors que le prochain millénaire est déjà arrivé - il est tout là, tout près de nous, à notre portée, c'est à dire entre nos mains de jardiniers...
...en relisant ces quelques lignes, je ne vois que ces réflexions qui ont traversé mon esprit durant cette année 1999 et particulièrement durant de longues journées que j'ai consacrées à la composition de mon Concerto pour piano et orchestre que va créer le soliste Jay Gottlieb en novembre; c'est avec de tels interprètes "hors normes" que toutes nos espérances grandissent et nous poussent à oeuvrer avec joie quotidiennement sans faillir...
... Ces dernières semaines, Georges Kan des Éditions musicales européennes me traque inlassablement pour une fameuse pétition contre la nouvelle programmation de France Musiques qui tiendrait soit disant à l'écart la musique "dite" contemporaine; je refuse de signer par six fois pour de telles âneries et demeure bien triste devant de tels petits procédés très "ghetto" et corporatistes, sans esprit de nuances et de discussions sur le contenu et la forme; je m'attriste qu'une poignée de brillants confrères et amis rejoignent cette morne danse définitivement fin de siècle. Car enfin, de l'air !
Moins de compositeurs à textes !
Davantage d'œuvres-manifestes !
Et à nos portées !"
Régis Campo, Musica Falsa n°10 Automne 1999


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