"DES MOTIFS SAUTILLANTS CARACTÉRISTIQUES DE SON UNIVERS MUSICAL À LA MANIÈRE D’UN MANÈGE INTERSTELLAIRE. » CHRISTIAN WASSELIN - FRANCE MUSIQUE 25/03/21

The Wonder Of Life s’inspire du célèbre choral « Befiehl du deine Wege » (« Remets à Dieu ta route ») de la Passion saint Matthieu de Bach. « Ce choral me hante depuis mon enfance : j’y vois une idée de transcendance, de résilience, de joie, de sérénité, mais aussi une sorte de réponse à The Unanswered Question (“La Question sans réponse“) de Charles Ives », dit Régis Campo. Qui ajoute : « Ma réponse se rapproche de celle que propose Leonard Bernstein dans l’une de ses conférences : “Je ne suis plus très sûr de la question, mais ce que je sais, c’est que la réponse est Oui“. » 
D’autres illustres compositeurs avant lui sont partis d’un matériau historique et tonal : citons Berio (Sinfonia, Rendering), Webern (dans son orchestration d’un extrait de L’Offrande musicale), Goubaïdoulina (qui cite la même Offrande musicale dans son propre Offertorium), Stravinsky (Variations chorales « Vom Himmel hoch da komm’ ich her »), ou encore Denisov (dans sa Partita d’après Bach). Régis Campo a confié le choral de Bach aux cordes, en l’étirant considérablement et en le transmutant sur une durée de près de douze minutes ; la trame harmonique se fonde entièrement sur les accords parfaits de Bach. Le premier rang des cordes est composé d’un petit orchestre de 6 instruments (2 violons I solistes, 2 violons II solistes, 2 altos solistes et 2 violoncelles solistes) à la manière des concertos grosso de Corelli ou des Concertos brandebourgeois de Bach, ce petit groupe formant une manière de concertino. Sur le choral, l’orchestre joue par vagues des motifs sautillants caractéristiques de son univers musical à la manière d’un manège interstellaire : les cuivres apparaissent parfois comme des satellites en orbite autour d’une planète ! The Wonder Of Life superpose par ailleurs deux temps : l’un est très lent et méditatif, l’autre est pulsé et joueur. 
La fin de l’œuvre pourrait donner l’impression d’une musique infinie et exprimant un certain abandon à la foi. Quant au titre de l’œuvre, il combine les titres de deux films de Terrence Malick, cinéaste que le compositeur admire particulièrement : To The Wonder et Tree Of Life. Régis Campo a dédié son œuvre à une amie de cœur : la musicienne, comédienne et réalisatrice Coline Serreau, avec laquelle il partage son amour pour Bach. 
Christian Wasselin 
THE WONDER OF LIFE IS PUBLISHED BY ÉDITIONS HENRY LEMOINE 

Commentaires