RÉGIS CAMPO: "J’AI RESSENTI CETTE FOIS UNE CONNEXION TRÈS FORTE AVEC LES LYCÉENS, LES YEUX ET OREILLES POSITIVES" CONCERTCLASSIC PAR ALAIN COCHARD 20/04/2020
https://www.concertclassic.com/article/21e-grand-prix-lyceen-des-compositeurs-regis-campo-prime
Les compositeurs nourissent de secrètes passions. Ainsi Régis Campo éprouve-t-il une fascination pour l’astrophysique. Etoiles, planètes, galaxies, expansion de l’Univers : c’est à ce monde, à l’imaginaire qui y est associé que se rattache Une solitude de l’espace, partition (élaborée entre 2009 et 2017, année de sa création) pour flûte, percussions, piano, violon, violoncelle, contrebasse et bande dont le sens se comprend mieux lorsqu’on la relie au poème « There is a solitude of space » d’Emily Dickinson. L’ouvrage figure dans l’album monographique « Street-Art » que l’Ensemble TM+ et Laurent Cuniot ont consacré au compositeur (1 CD Signature-Radio France) et il a emporté l’adhésion des votants au Grand Prix Lycéen des Compositeurs 2020.C’est en 2000 que le Grand Prix Lycéen des Compositeurs (GPLC) a été créé, événement annuel destiné à favoriser la rencontre du jeune public avec la musique contemporaine et ses créateurs – l’association Musique Nouvelle en Liberté en assure l’organisation depuis 2013. Depuis l’origine, 92 compositeurs au total on participé au GPLC. Régis Campo (né en 1968) était déjà présent lors de la première édition en 2000 (elle avait distingué Laurent Petigirard) et a par la suite été à nouveau en lice en 2006 et 2016. A l’instar des précédentes, l’édition 2020 réunissait six compositeurs, Samuel Andreyev, Régis Campo, Edith Canat de Chizy – dont c’était aussi la quatrième participation au GPLC –, François Meïmoun, Gabriel Sivak et Fabien Touchard, et impliquait plus d’un centaine de lycées répartis sur tout le territoire (116 précisément). Tout avait donc démarré normalement à l’automne dernier pour ce 21ème Grand Prix dont la proclamation du lauréat était prévue le 2 avril à l’Auditorium de Lyon. La crise sanitaire a eu vite raison de cette organisation, mais pas du calendrier ! Avec un bel enthousiasme, lycéens – en grande majorité des secondes et premières avec option musique, facultative ou spécialité – et professeurs ont continué à œuvrer afin que le nom du lauréat soit connu presque dans les délais prévus (l’annonce a été faite le 17 avril). Grâce à internet, la proclamation du Grand Prix 2020 s'est finalement déroulée de manière virtuelle :
Visionner la cérémonie : https://www.youtube.com/watch?v=dIbkLDYchZw
Mais avant cette conclusion inattendue, et frustrante pour tous les participants on l’imagine aisément, une bonne partie du processus s’est déroulée de manière normale, conduisant les compositeurs à effectuer des rencontres avec les lycéens. Il y en aura eu une quinzaine pour Régis Campo. Une expérience à l’évidence marquante pour celui qui disposait de surcroît du point de comparaison des éditions passées auxquelles il a pris part. « J’ai ressenti cette fois une connexion très forte avec les lycéens, avoue l’artiste, ému par « les yeux et oreilles positives » qu’il a eu face à lui. Par la curiosité de ses interlocuteurs aussi, "leur ouverture complète à toutes les musiques ».
L’approche très imagée et affective que les élèves ont montrée de façon générale a séduit un compositeur qui s’est plu à évoquer « la solitude de l’astronaute, la mélancolie du grand voyageur dans l’espace » lorsqu’il s’est agi de commenter une pièce qui parle immédiatement à l’imaginaire et embarque l’auditeur dans une troublant voyage sonore. Les lycéens avec option musique dominent au GPLC ; on relève toutefois des exceptions, telle cette classe d’arts plastiques à Nîmes dont les élèves avaient préparé la venue de Régis Campo par des réalisations graphiques ou des vidéos inspirées par Une solitude de l’espace.
Si le grand raout lyonnais prévu le 2 avril a dû être annulé, Campo et ses cinq collègues en lice ont toutefois pu profiter de la Journée Régionale du 11 février à Amiens (l’implication de la Région Hauts-de-France dans l’organisation du GPLC mérite d’être saluée). Près de 500 lycéens et une trentaine de professeurs étaient présents à la Maison de la Culture, se souvient R. Campo, d’autant plus touché a posteriori par « l’enthousiasme du public et la belle entente entre les compositeurs sélectionnés» que cette réunion d’étape aura été la dernière ...
Comme toujours, le lauréat du GPLC est tenu d’écrire une pièce pour orchestre. The Wonder of Life : Régis Campo a déjà choisi son titre et la partition s’insèrera dans un programme comprenant en outre les Oiseaux exotiques d’Olivier Messiaen (compositeur dont Campo occupe le fauteuil à l’Académie des Beaux-Arts), les Animaux modèles de Francis Poulenc et la si belle – et bien trop rare ! – Symphonie concertante de Szymanowski (avec Momo Kodama au piano). Rendez-vous le 25 mars 2021 à Radio France pour une soirée en compagnie de l’Orchestre National placé mené par Thomas Søndergard !
Pour l’heure, c’est dans les traités d’astrophysique que Régis Campo se plonge volontiers lorsqu’il ne n’écrit pas : il est en effet très occupé par Big Bang, composition pour grand orchestre – dont le titre se passe de commentaire. L’Allemagne en aura la primeur, les 17 et 18 juillet 2021, puisque Cornelius Meister en conduira la création mondiale à la tête du Staatsorchester Stuttgart.
On s’en voudrait de conclure sans mentionner que le Grand Prix Lycéen des Compositeurs comporte aussi un Prix des Professeurs. Il revient cette fois à Fabien Touchard (né en 1985 et benjamin du GPLC 2020) pour L’Horloge et l’abîme, pour soprano, flûte, hautbois et piano (inclus dans le CD « Beauté de ce monde » paru chez Hortus). Un jeune compositeur particulièrement prometteur dont a salué il y a peu la création de Yasilum à l’Athénée par Les Apaches.
Alain Cochard
(Entretien avec Régis Campo réalisé le 20 avril 2020)
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