"FRÉDRIC ASSÈCHE KOLTÈS" PAR MICHEL DIEUAIDE - LES TROIS COUPS

"Il y a d’un côté la musique composée par Régis Campo. Savante et expressive, elle marie subtilement sans effets appuyés des clins d’œil à la comédie musicale et des références cinématographiques. Les arias, les récitatifs et les chœurs construisent par glissements ou tuilages successifs une partition moderne et accessible. Cornes de brume pour l’atmosphère portuaire, accents de guitares électriques et de synthétiseurs pour situer les protagonistes les plus jeunes, fondus enchaînés ibériques pour enrichir le lamento d’un personnage de culture espagnole, nappes sonores et poétiques des chœurs invisibles, autant d’exemples qui soulignent l’intelligence et le raffinement de l’œuvre. 
À l’évidence, Régis Campo a su saisir la belle oscillation du texte de Bernard‑Marie Koltès entre ombre et lumière, entre rêve et réalité. Pour se déployer pleinement, sa composition bénéficie du remarquable travail de direction de Marcus Bosch. 
À la tête d’un orchestre de cinquante musiciens, il épouse finement chaque élément de la partition avec un sens aigu de la construction dramatique. Sous sa baguette, même les silences, temps de suspensions superbement mesurés, mobilisent l’écoute des spectateurs. 
(...) Quai ouest en forme d’opéra laisse au public quelques bonheurs indiscutables. L’inventive musique de Régis Campo et la direction musicale de Marcus Bosch, c’est déjà dit. 
Mais il faut ajouter quelques instants intenses : le bouleversant trio vocal de Mireille Delunsch (Monique), Marie‑Ange Todorovitch (Cécile) et Hendrickje Van Kerckhove (Claire), la composition implacable et déchirante de Julien Behr (Charles), l’envoûtante interprétation d’Augustin Dikongue, mi-ange, mi-bête (Abad). 
Et pour finir, ne pas oublier de saluer l’audace de Marc Clémeur pour avoir choisi de soutenir une aventure artistique à haut risque."  
Michel Dieuaide  

Commentaires