"KOLTÈS EN VERSION LYRIQUE" PAR MARC MUNCH - LES DERNIÈRES NOUVELLES D'ALSACE DU MARDI 21 OCTOBRE 2014
Koltès en version lyrique
"La première de Quai ouest, samedi à Strasbourg, a été très applaudie. Pour les qualités du lyrisme de la composition ou pour l'hommage à l'auteur qui a posé à sa façon des problématiques du temps contemporain ? C'était bien l'enjeu non sans ambiguité de cette création.Quai ouest n'est pas la meilleure pièce de Koltès, mais du moins la première autorisée à devenir un opéra. Les hangars du port sur l'Hudson à New York, terrain glauque de l'action, ont existé. Des personnages, les uns au bord du suicide ou égarés sur le terrain, les autres criminels et sans domicile fixe, s'y retrouvent face à face, avec leurs peurs, le désir de s'en sortir par la mort ou d'en réchapper. Guère de rencontre des êtres, sinon des affrontements et alliances passagères. Cela se termine mal, par un massacre de la moitié des protagonistes.
Le metteur en scène, Kristian Frédric et son assistance Florence Doublet, e, ont écrit le livret d'après la pièce, et l'ont soumis au compositeur. Campo a laissé courir sa réelle inspiration mélodique. La structure de la forme en séquences lui en laissait la possibilité et il a ainsi pu développer largement un long lamento sur les larmes, sans renoncer par ailleurs à des airs et à des ensembles de forme traditionnelle, de l'ouverture au récitatif chanté ou parlé.
Avec aussi des références parfois à des musiques de films. Et on en vient à se demander si l'alerte écriture de Campo n'allait pas écraser la substance du théâtre de Koltès dans sa description d'un humanité à la dérive dans un territoire aux frontières qui se dérobent.
(...) La mise en scène de Kristian Frédric est dans le ton de Koltès. La dramaturgie est efficace, même dans ses moments appuyés. mais la musique de son côté a affirmé sa très forte présence.
Une distribution de choix avec Mireille Delunsch qui trouvait en Monique, la secrétaire, un rôle de composition où elle s'investit comme on l'attendait. Marie-Ange Todorovitch convainc pour sa part en Cécile, et Hendrickje van Kerckhove en Claire. Leur long et beau trio de larmes est un morceau d'anthologie."
Marc Munch
Les Dernières Nouvelles d'Alsace du mardi 21 octobre 2014
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